Je pense, je ne suis pas sûr, que nous allons franchir une étape supplémentaire dans une certaine forme de transferts et de mutualisation”, estime toutefois Pascal Lamy, ancien patron de l’OMC et président émérite de l’Institut Jacques Delors. “De combien ? Je n’en sais rien. Cela va prendre du temps parce que Merkel met du temps à bouger. N’oublions pas le volet où cela a déjà beaucoup bougé en 2008 puisqu’on s’est assis sur la clause du traité de Maastricht que les Allemands avaient signé en raison du non-renflouement d’un État en crise. Pour les Allemands cela a été une pilule assez difficile à faire avaler. Et la décision que la BCE vient de prendre, en ôtant les limites aux rachats de titres, va dans ce sens. En réalité, on a la moitié du problème qui est déjà objet de solidarité à travers le bilan de la BCE. Il y a là un élément de mutualisation de fait. À partir du moment où la BCE ne remet pas sur le marché la dette qu’elle a avalée à cette occasion, en réalité elle l’a monétisée”.Mutualisation de fait, risque de décrochage du sud. C’est un choix purement politique qui est maintenant sur la table des dirigeants européens : défendre l’intérêt européen ou laisser que les intérêts nationaux reprennent complètement le dessus. Sans mutualisation, la seconde hypothèse est chaque jour plus probable.