L’économie et la finance doivent s’engager aux côtés des Etats pour construire une économie bleue pérenne. Ils peuvent créer de la valeur tout en préservant l’essentiel : un océan, une planète et une humanité en bonne santé. C’est le plaidoyer signé par une trentaine de personnes, dont le prince Albert de Monaco.
La troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC 3), qui se tient actuellement à Nice, nous rappelle une vérité essentielle :protéger l’océan, c’est protéger l’avenir de l’humanité.Car ces étendues, qui couvrent plus des deux-tiers de la surface de la terre, représentent 97 % de sa biosphère et abritent une grande partie des espèces vivantes.
Répondre à ce défi exige une réinvention en profondeur de nos priorités collectives et de nos modes de vie, donc de nos économies. Loin d’être opposés, progrès humain et protection des océans doivent désormais aller de pair.
Bâtir une économie bleue rentable
C’est cette conviction qui a animé le Blue Economy and Finance Forum (BEFF), organisé à Monaco les 7 et 8 juin. Près de 2.000 participants venus de plus de 100 pays y ont posé les fondations d’une alliance nouvelle : celle des acteurs économiques et des défenseurs de l’environnement.
Ensemble, nous avons esquissé les contours d’une économie bleue responsable, conciliant justice sociale, progrès économique et protection des milieux marins.Une économie qui permet de nourrir, de soigner, de transporter et de commercer, tout en protégeant les ressources vitales de la planète.
Ce n’est plus une utopie. En s’appuyant sur des expertises scientifiques solides, en pariant sur l’innovation, en répliquant les solutions qui fonctionnent, en adaptant nos réglementations, en élargissant les aires marines protégées, et surtout en étant à l’écoute des communautés qui vivent de la mer et en leur proposant des progrès réels, nous pouvons bâtir rapidement une économie bleue efficace et rentable. Des ports au tourisme, du transport à l’énergie, tous les secteurs de l’économie maritime sont prêts à s’engager.
Car ce Forum a aussi marqué un tournant dans la mobilisation des capitaux privés, indispensables pour accomplir une vraie transition bleue, par exemple au travers des crédits biodiversité. 8,7 milliards d’euros d’investissements supplémentaires ont été annoncés, provenant de fonds publics privés et philanthropiques, pour soutenir des projets alliant rentabilité et impact écologique, et amorcer ainsi une dynamique inédite.
Entraîner les capitaux privés
Mais ne nous leurrons pas : cette mobilisation représente un véritable défi. Les financements publics ou philanthropiques sont essentiels, mais ils ne peuvent suffire à eux seuls. Ils doivent jouer un rôle de levier pour entraîner durablement les capitaux privés, seuls capables de changer d’échelle.
Ce que le BEFF a enclenché doit désormais se transformer en stratégie globale, durable, mesurable. Le rendez-vous de Nice peut et doit être un point d’inflexion.Les prochaines étapes devront permettre d’ancrer les engagements, d’en mesurer les résultats, et d’en corriger les limites si nécessaire.
Nous lançons un appel clair : l’économie et la finance doivent amplifier leur engagement en faveur de l’économie bleue. Indispensable, leur participation est aussi porteuse d’opportunités. Celles de créer de la valeur tout en préservant l’essentiel : un océan, une planète et une humanité en bonne santé.
Les défenseurs de l’environnement doivent travailler avec les acteurs économiques et financiers, car rien d’efficace n’est possible sans eux. Les acteurs économiques et financiers doivent s’engager pour les océans, car rien de durable n’est envisageable sans eux.
Les signataires de cette tribune :
S.A.S. le Prince Albert II de Monaco
Pascal Lamy et S.E. Mme Ilana Seid, co-présidents du Blue Economy and Finance Forum
S.E.M. Bernard Fautrier, conseiller spécial de S.A.S. le Prince chargé des questions d’environnement
Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique de Monaco
Olivier Wenden, vice-président et directeur général de la Fondation Prince Albert II de Monaco
Razan Al Mubarak, directrice de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature
Dona Bertarelli, co-présidente de la Bertarelli Foundation
Ray Dalio, fondateur de Bridgewater Associates et co-fondateur de Ocean-X
Thierry Déau, PDG de Meridiam
Dame Amelia Fawcett et Sylvie Goulard, co-présidentes de l’International Advisory Panel on Biodiversity Credits – IAPB
Pradeep Kurukulasuriya, secrétaire exécutif du Fonds d’équipement des Nations unies (UNCDF).
Sanda Ojiambo, directrice exécutive et PDG du Pacte mondial des Nations unies
Frederik Paulsen, président Emérite de Ferring Pharmaceuticals
José Soares dos Santos, président et fondateur de la Fondation Oceano Azul
Eric Campos, Directeur de l’engagement sociétal, Crédit Agricole S.A.
Alberto Cappato, vice-président de l’Association Internationale Villes et Ports – AIVP
Tanguy Claquin, Responsable Mondial Sustainability, Crédit Agricole CIB
Isabelle de Cremoux, présidente du directoire/PDG et Managing partner de Seventure Partners
Ulrike Decoene, directrice de la communication, de la marque et du développement durable du groupe AXA
Vassilios Demetriades, directeur de la stratégie d’UW Group
Marisa Drew, directrice du développement durable de Standard Chartered
Ambroise Fayolle, vice-président de la Banque Européenne d’Investissement
Melissa Garvey, directrice globale, Nature Bonds Program, The Nature Conservancy
Alfredo Giron, responsable du programme Ocean Action Agenda du World Economic Forum
Joe Kramek, président et PDG du World Shipping Council
Julia Maris, vice-présidente ESG d’ENGIE
Dr. Elizabeth McLeod, directrice globale Océan, The Nature Conservancy
Nicolas Pascal, directeur exécutif de Blue Alliance International
Francesco Prazzo, directeur général de SBM Offshore
Kristin Rechberger, fondateur et PDG de Dynamic Planet and Revive Our Ocean
Jean-Jacques Risso, président du Centre Scientifique de Monaco
Rémy Rioux, directeur général du groupe AFD et président de Finance en Commun
Karen Sack, directrice exécutive de la Ocean Risk and Resilience Action Alliance – ORRAA
Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN)
Banque de développement de l’Amérique latine et des Caraïbes
Mizuho Financial Group
Conservation International.
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